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Campagne du Soldat Henri NEUVIALLE

11éme Régiment d'Infanterie

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Henri NEUVIALLE est appelé le 6 octobre 1906 au 63ème Régiment d'Infanterie en garnison caserne Beaupuy à Limoges.

Il est mis en disponibilité le 25 septembre 1908, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.

Il est nommé 1ère classe le 28 juillet 1908.


Il fait deux périodes d'instruction, la première au sein du 63ème Régiment d'Infanterie du 1er au 23 décembre 1911, la seconde au sein du 7ème Régiment d'Infanterie du 25 mai au 10 juin 1914.


Il est mobilisé le 1er août 1914 et rejoint le 7ème Régiment d'Infanterie à Cahors le 3 août 1914.



A cette époque le 7ème Régiment d'Infanterie est en Argonne.

Le 20 août, le régiment franchit la frontière et prend les avant-postes à Herbeumont. Pour la première fois on a l’impression que l’Allemand est proche. Un grondement lointain nous avertit que la guerre commence.

Le 22, vers 15 heures, on marche au canon. La bataille fait rage à notre droite. On traverse Bertrix, puis on s’arrête à Assenois. Nous sommes prés des grands bois où l’Allemand est gîté, paraît-il, les Belges sont anxieux.

La charge est ordonnée. Dans un élan magnifique, les trois bataillons se lancent successivement à l’assaut précédés de leurs chefs. Mais les Allemands sont tapis dans des trous en avant desquels ils ont tendu des fils de fer que les nôtres ne voient que trop tard. Nous sommes arrêtés par cet obstacle sous un feu meurtrier qui cause de grands ravages dans nos rangs. Malgré des pertes sensibles, trois fois les bataillons reviennent à la charge : trois fois ils échouent.

Les bataillons disloqués, ayant perdu toute cohésion, se dirigèrent sur Herbeumont en traversant la forêt. La rage au cœur, nous conservions quand même l’espoir de nous retrouver en plein champ, face à face avec l’ennemi, pour prendre une revanche éclatante.

Le 23 août, à 12 heures, l’ordre nous est donné de quitter Herbeumont et de nous diriger sur Osnes. C’est l’abandon du petit coin de Belgique que nous défendions. On arrive sans encombre à Osnes où on s’installe en cantonnement d’alerte. Le lendemain, le régiment se reconstitue prés du village.

Ensuite le régiment se porte à Euilly qu’il organise défensivement, pendant que de nombreuses batteries s’installent un peu en arrière de lui pour interdire à l’ennemi le passage de la Chiers. En hâte on creuse des tranchées. La plupart des habitants ont fui devant l’invasion. La journée et la nuit s’achèvent dans le calme.

Le 25 août, à l’aube, la canonnade reprend. On voit les Allemands déboucher des, bois très loin, et tenter de s’infiltrer par les petits ravins qui convergent sur Carignan. Un formidable duel d’artillerie s’engage, nais dans lequel la supériorité du 75 s’affirme. Tout ce qui sort des bois est pris sous le feu de nos canons qui, de plus, fouillent toutes les dépressions du terrain. Osnes, que nous avons quittés la veille, est pris à partie par notre artillerie qui pilonne sans arrêt ce malheureux village devenu une fourmilière d’Allemands.

Toute la journée la bataille fait rage. Peu de fusillade, mais du canon, encore du canon, et toujours du canon. C’est un massacre de boches. La fumée dégagée par les projectiles est telle qu’on dirait qu’un épais brouillard s’élève tout à coup des ravins. Les villages flambent. La vengeance commence et les Allemands, surpris par cette résistance hésitent et s’arrêtent. Une compagnie du régiment va faire sauter le pont de Carignan, car malheureusement il va falloir encore battre en retraite malgré le succès de la journée.

Le 26 août, à 1 heure 30, on franchit la Meuse à Mouzon. A la tombée de la nuit, on s’installe à la cote 314, prés de Raucourt, avec mission de contre-attaquer l’ennemi qui aurait réussi à franchir le fleuve. La nuit se passe sous une pluie battante, les Allemands ne sont pas venus. A l’aube, l’ordre est donné d’abandonner la position et de se rendre à Haraucourt.



Bataille d’Angecourt et de Thelonne.


On arrive à Haraucourt de fort bonne heure. Nous sommes transis de froid. On distribue rapidement quelques vivres aux hommes et l’on prépare un peu de café. Mais tout à coup : deux bataillons reçoivent l’ordre de prolonger à droite pendant que soit prononcée une contre-attaque sur Thélonne que les Allemands viennent d’occuper. Notre but est de harceler l’ennemi pour protéger la retraite de l’armée.

Le feu est engagé sur tout le front. Nous nous emparons des deux premières lignes de tranchées allemandes. L’assaut est donné par trois fois, chaque fois le bataillon est ramené. Un quatrième assaut est encore tenté, et cette fois la position tombe entre nos mains.

Il est douze heures, nos mitrailleuses sont mises en batteries et on poursuit, par le feu, l’ennemi qui dévale les pentes dans la direction de Pont Maugis. L’organisation du terrain conquis est immédiatement entreprise, mais rendue très difficile par un feu violent de mitrailleuses partant par la droite, dans la direction du canal, et par le feu de l’artillerie ennemie.

A ce moment arrive, en renfort, le 3ème bataillon. Tout le régiment se trouve maintenant engagé. La bataille redouble d’intensité, car l’ennemi envoie sans cesse des troupes pour essayer de prendre pied sur la rive gauche de la Meuse, ce qui pour lui constituerait une position importante. Au loin, on aperçoit Bazeilles qui regorge d’ennemis. Notre artillerie y frappe sans arrêt et les pertes allemandes s’accumulent. La Meuse charrie des quantités de cadavres boches.

Nous passons la nuit sur les hauteurs de Raucourt sans être inquiétés par l’ennemi qui, en raison de son échec de la journée, hésite à se porter en avant. Le lendemain, à 8 heures, le régiment passe en réserve au Sud du village sur une position violemment bombardée par l’artillerie lourde allemande et nous assistons pour la deuxième fois à un nouveau et formidable duel d’artillerie.

A 16 heures, on reprend le mouvement de retraite. Pourquoi reculer encore puisque le succès est à nous ! C’est l’ordre, il faut s’incliner.



Retraite.


A partir de ce moment commence la longue et douloureuse retraite. Raucourt, Angecourt ont marqué, pour le régiment, les derniers combats de notre première rencontre avec l’Allemand exécré. A part quelques escarmouches de peu d’importance, la marche vers le Sud s’accomplit sans incidents, par étapes journalières de 30 à 40 kilomètres.

Le 28 août au soir nous sommes à Arthez-le-Vivier. Le 29, au Chesne, que l’on abandonne le 30 pour bivouaquer à Chufilly. Un temps d’arrêt et la retraite inexorable continue. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, on passe Semide où un court engagement a lieu avec l’avant-garde prussienne. Maintenant la retraite s’accélère. On marche nuit et jour, presque sans arrêt. Le repos n’est plus permis. Nous traversons la Champagne pouilleuse où l’eau fait totalement défaut. Une chaleur torride nous brûle le visage et irrite la gorge. D’interminables convois d’émigrés encombrent les colonnes. Des vieillards, des femmes, des enfants ont quitté en hâte le pays natal.

Le 4 septembre, nous voilà à Sompuis. Le 5, à minuit, on arrive à Brebant et Corbeil où nous espérons goûter un peu de repos, mais à 3 heures du matin, alerte, il faut repartir. On marche quelques kilomètres, puis on s’arrête dans un champ, les bataillons en colonne double. A ce moment, enfin la retraite est finie. Le moment est venu de vaincre ou de mourir. La bataille de la Marne va commencer.



Bataille et victoire de la Marne.


Après une heure de repos, le régiment se porte à la cote 201 qu’il a pour mission de défendre jusqu'à la mort. Les avant-postes de combat sont pris et on attend le choc. La soirée et la nuit sont marquées seulement par quelques coups de fusil, indices de la prise de combat avec les éclaireurs ennemis.

Le 7 septembre, à 5 heures, la bataille d’artillerie commence. Les Allemands suivant leur tactique habituelle pilonnent à coups d’obus nos positions avant d’y lancer leur infanterie. Notre artillerie riposte énergiquement. On souffre aussi beaucoup de la soif et du manque de vivres.

Dans l’après-midi le feu de l’artillerie ennemie se ralentit puis cesse totalement à la nuit. Cette trêve est aussitôt mise à profit pour creuser des tranchées que l’on tiendra à outrance.

Le 8 septembre, à 5 heures, la bataille reprend. D’abord un tir extrêmement violent d’artillerie sur la cote 201, puis au loin, on voit apparaître l’infanterie ennemie qui se déploie et répond à notre feu. Une batterie de 75 vient de mettre en position tout prés de nous et commence son œuvre de mort. L’infanterie allemande semble hésiter. Elle trouve en effet une résistance à laquelle elle n’était pas habituée depuis quelques jours. Le combat se stabilise ainsi devant notre front, il devient plus vif encore à notre droite et à notre gauche.

A 10 heures, la batterie de 75 qui, depuis le matin, crache sans arrêt, cesse son tir… faute de munitions. Les artilleurs prennent leur mousqueton et font le coup de feu avec les fantassins. A 10 h 50, un caisson de ravitaillement étant arrivé, la batterie reprend son tir. Le combat s’anime, mais les fantassins ennemis ne paraissent toujours pas désireux de se lancer à l’assaut. On se fusille encore à distance.

Nos pertes sont élevées. A 12 heures, le régiment reçoit l’ordre de se rendre à la ferme Montorlor pour se reconstituer avec un renfort de 500 hommes qui viennent d’arriver. Le mouvement de repli s’exécute en bon ordre.

A 16 heures, le renfort ayant été incorporé, le régiment tout entier retourne dans la bataille. Sur notre front, l’ennemi n’a pas gagné un pouce de terrain. Le lendemain, le régiment réoccupe la Cote 201, que les Allemands continuent de cribler de projectiles.

Le soir nous bivouaquons à la Ferme des Grandes Perthes, où l’on incorpore un nouveau renfort de 800 hommes. Le 10 septembre, on réorganise les bataillons. Les Allemands ont fait avancer leur artillerie lourde et l’éclatement des gros projectiles résonne terriblement dans les vallons. La nuit se passe au bivouac, dans un bois, en réserve, à 600 mètres au sud de la Ferme de la Certine.



La poursuite.


Le 11, à 5 heures du matin, tout le monde est sur pied. Le bruit court avec persistance que les Allemands sont battus et qu profitant de la nuit, ils ont commencé leur mouvement de retraite. Cette rumeur semble se confirmer par le silence anormal qui règne sur le champ de bataille. Enfin, la nouvelle est rendue officielle par un ordre que reçoit le régiment de se lancer à la poursuite de l’ennemi dans la direction de la Cense de Blanzy.

Les petits bois de sapins sont remplis de cadavres allemands fauchés par les balles et par nos 75. Dans la précipitation de leur retraite, les Allemands ont abandonné un grand nombre de leurs blessés : toutes les granges en sont pleines. Nous avançons toujours. Maintenant la désolation commence, les villages sont en feu.

La nuit tombe ! Nous arrivons à Pringy, sous une pluie battante, à la lueur sinistre des maisons embrasées. Après quelques heure de repos, nous repartons par Songy, Saint-Martin, Francheville, Dampierre et Moivre. Nous doublons les étapes, car enfin il faut rattraper les boches. La fatigue ne compte plus.

Le 13 septembre, nous traversons Somme-Tourbe, complètement brûlé et Wargemoulin en flammes. Nous cantonnons à Minaucourt, que les Germains n’ont pas eu le temps d’incendier. La pluie tombe à flots. Les avant-postes sont pris et deux compagnies sont envoyées à la Ferme Beauséjour où elles se heurtent à un bataillon ennemi. Une vive fusillade s’engage, mais en raison de l’heure tardive et de l’extrême fatigue des hommes, le combat n’est pas poussé plus à fond.

Le lendemain, la bataille reprend sur tout le front Mesnil les Hurlus, Ferme Beauséjour. Notre artillerie nous soutient faiblement faute de munitions. Par contre, l’artillerie ennemie arrose de projectiles les crêtes que nous occupons, ainsi que les ravins où se tiennent les réserves du régiment. La Ferme Beauséjour est prise, mais c’est le seul gain de la journée.



Bataille de Beauséjour et d’Argonne.


A partir de ce moment va commencer la guerre de tranchées qui durera plusieurs années. Les Allemands ont réussi à stabiliser le front de bataille sur notre sol. En raison des pertes élevées subies la veille, le régiment passe en réserve à Minaucourt et commencent immédiatement à creuser des tranchées et boyaux. Jusqu’au 21 septembre, l’activité de combat reste faible.

Le 26 septembre, à l’aube, une fusillade nourrie s’engage sur notre front et sur les secteurs voisins. Les Allemands essaient une première attaque qui est repoussée sur toute la ligne. Une demiheure plus tard, ils reviennent à la charge en force considérable et parviennent à refouler notre gauche, malgré la résistance opiniâtre de nos hommes qui n’abandonnent la ligne que sur l’ordre de leurs chefs. Une menace de débordement se dessine aussitôt de ce côté.

Surpris, l’ennemi s’arrête, oscille et, finalement, s’enfuit dans le plus grand désordre vers ses lignes. A ce moment, il tombe sous le feu des deux autres bataillons qui n’ont pas cédé. Les gros paquets de fuyards sont fauchés par les mitrailleuses, et les isolés sont tirés comme des lapins. Bien peu réussissent à réintégrer leurs trous.

De notre côté, nous avons pas mal de blesséss. Malgré tout la journée est bonne car les Allemands viennent de subir un sanglant échec. Après cette affaire, le 7ème R.I.n, est mis en réserve pour se reconstituer.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, le régiment prend position dans les tranchées au nord de Somme-Suippes. Il y reste jusqu’au 15 octobre sans qu’aucun combat important ait marqué cette courte période, puis il retourne à Wargemoulin.

Jusqu’au 6 décembre, le 7ème R.I. reste dans la région Beauséjour – Mesnil-les-Hurlus pour l’occupation de la ligne de combat. La pluie qui ne cesse de tomber entrave fortement les travaux d’organisation défensifs qui se limitent d’ailleurs au creusement de tranchées et de boyaux et à la pose de fils de fer en avant de la première ligne.

Le 6 décembre, le régiment revient en réserve. Il reçoit l’ordre de se tenir prêt à être embarqué le lendemain en camions auto. Le lendemain à midi, le régiment se trouve échelonné sur la route Suippes – Sainte-Menehould devant une file interminable de gros camions dans lesquels on embarque. A 10 heures, on débarque à Chaudefontaine et le lendemain matin une étape nous porte à Vienne le Château.

Le 2ème bataillon est aussitôt envoyé à la Harazée où il arrive juste à point pour repousser une attaque allemande. Le régiment reste en Argonne jusqu’au 14 décembre. Le 16 décembre, le régiment revient à Chaudefontaine et de là se rend à Sainte-Ménéhould où il s’embarque à destination de Somme-Tourbe pour rejoindre son ancien secteur de Champagne.



Offensive de Champagne (Hiver 1914 – 1915).


Le 23 décembre, le 1er bataillon reçoit l’ordre de s’emparer des « Tranchées Brunes » qui forment un saillant dans notre ligne. L’attaque est menée avec la plus grande vigueur. Après une préparation d’artillerie, le bataillon se lance à l’assaut, son chef en tête. Les tranchées ennemies sont conquises, mais le succès nous coûte cher. Des mitrailleuses que notre artillerie n’avait pas détruites ont ouvert un feu d’enfilade sur nos hommes au début d’attaque. Deux cents hommes sont hors de combat, mais parmi lesquels beaucoup de blessés.

Le terrain conquis est immédiatement mis en état de défense. Deux fortes contre-attaques ennemies sont repoussées, malgré le faible effectif du bataillon. Ne pouvant reconquérir les tranchées perdues, l’ennemi les bombardes violemment et, pour la première fois, nous voyons apparaître cet engin nouveau appelé « Minenwerfer » (lance mines).

Le soir, une nouvelle contre-attaque est encore repoussée à coups de fusil. La nuit est plus calme. Nos hommes en profitent pour achever l’organisation de la tranchée et compter les prises. Outre un nombre assez élevé de prisonniers, le 1er bataillon s’est emparé de mitrailleuses, de fusils et d’un minenwerfer de gros calibres, ainsi que des provisions de toutes sortes (saucisses, pâtés, fruits, cigares, etc.…

Le 30 décembre 1914, les trois bataillons attaquent les « Tranchées Grises » et s’en emparent en partie, mais la bataille qui dur depuis plusieurs jours a permis aux Allemands de renforcer leur artillerie, et les combats deviennent alors plus acharnés. Nous progressons lentement au prix de grands sacrifices. Les attaques se succèdent jour et nuit presque sans interruption. On ne connaît plus le repos.

Enfin, le 21 janvier 1915, le régiment est envoyé au repos à Bussy le Château où il y reste jusqu’au 29. Quelques renforts arrivent et, le 30, nous retournons dans la bataille.

Le 1er février, le 1er bataillon attaque le Bois Rectangulaire au Nord-Ouest de Perthes les Hurlus. La position avancée est devenue très périlleuse. Le 16 février on attaque les bois au nord de Perthes, le 17, nous sommes au-delà du Bois Rectangulaire. Les assauts se multiplient. Après trois semaines de ces durs combats, le régiment est relevé et passe en réserve dans les bois de la Ferme Piémont où il ne reste que quelques jours dans la boue.

La tranchée est conquise de haute lutte et les boches massacrés. Des prisonniers sont parqués dans un coin. Leur frayeur est telle qu’un seul de nos hommes suffit pour les garder. Une contre-attaque lancée immédiatement par l’ennemi donne lieu à des combats épiques. La contre-attaque est repoussée. Le succès est complété par deux bataillons qui, engagés peu après, s’emparent des dernières tranchées constituant l’ouvrage S.K.

Du 11 au 23 mars, le régiment occupe le secteur au nord de Mesnil les Hurlus où nos tranchées ne sont séparée de celles des Allemands que par quelques mètres, ce qui empêche les artilleries adverses de tirer sur les premières lignes. On se fusille à bout portant. Le 23, le 7ème R.I. est relevé définitivement et envoyé au repos à Bussy le Château en attendant une nouvelle destination. L’offensive de Champagne est terminée pour nous.



Offensive d’Artois (Mai – Juin 1915).


Après un mois passé à l’arrière dans des cantonnements au Sud de Verdun, puis dans la Somme, le 7ème R.I. est désigné pour prendre part à l’offensive d’Artois. Le 30 avril, il cantonne dans les faubourgs d’Arras et le lendemain il occupe le secteur de Roclincourt. L’attaque est fixée au 9 et les préparatifs en sont menés rapidement. Nous aurons un glacis de 400 mètres à franchir pour atteindre la première tranchée allemande. En arrière de laquelle s’élève le village de Thélus, dominant nos positions. La préparation d’artillerie est courte. Les brèches dans les réseaux ennemis sont assez rares.

A l’heure dite, les compagnies se lancent à l’assaut en deux vagues. A peine la première est-elle sortie des tranchées que de nombreuses mitrailleuses allemandes font un barrage de balles dans lequel nos hommes entrent tête baisée. Beaucoup tombent. Les autres continuent leur marche en avant, malgré la violence du feu des mitrailleuses et des canons ennemis. Après un parcours de 300 mètres, l’attaque se disjoint. Un mouvement de reflux se produit. L’assaut nous coûtait 300 hommes tués où blessés.

Le 10 mai, à 13 heures, après une nouvelle préparation d’artillerie, le 3ème bataillon tente un troisième assaut. Il est encore ramené par le feu des mitrailleuses que notre artillerie n’a pu détruire. Le 11 mai, deux bataillons exécutent trois nouvelles attaques sans plus de succès.

Le 12 mai, les bataillons se reconstituent sur place et la nuit suivante, le 3ème est relevé sur la position de combat par le 1er qui avait été envoyé au repos à Duisans après la deuxième attaque. Les pionniers du régiment, aidés de travailleurs fournis par les bataillons, creusent pendant la nuit, une parallèle de départ pour une nouvelle attaque, à 250 mètres en avant de notre première ligne. Ils sont protégés dans cette opération par des détachements placés en avant d’eux et sur leurs flancs.

Cette parallèle est occupée dans la nuit du 14 au 15, et ce jour là, à 15 h 10, le 1er bataillon repart encore à l’assaut. Les mitrailleuses ennemies flanquent le glacis nu comme la main et interdisent toute progression. Ceux de nos hommes qui n’ont pas été atteints par les projectiles se couchent dans des trous d’obus et rentrent à la nuit.

Le 22 mai, avant le jour, le régiment. est relevé et se rend à Berneville, où le rejoint un renfort de 450 hommes.

Du 27 mai au 3 juin, le régiment occupe les tranchées dans le secteur Est d’Arras. Aucune attaque ne se produit ni d’un côté ni de l’autre, mais l’activité des deux artilleries est très grande et nous perdons du monde. Nous revenons à Berneville jusqu’au 15 juin, puis nous passons en réserve d’attaque à Arras le 16 juin.

Huit jours après, nous prenons le Secteur Est de Ronville (Faubourg d’Arras). Aucune activité de combat ici, les tranchées adverses, sont distantes d’environ 600 mètres.

Le 3 juillet 1915, le régiment est définitivement relevé. Il entre à ce moment dans la composition d’une nouvelle division (la 131ème) et est envoyé au repos à 40 kilomètres en arrière du front, dans la région d’Amiens, où il reste jusqu’au 30 juillet. De là, il est transporté par voie ferrée en Argonne.



Argonne (Août 1915 – Mai 1916).


Les bataillons relèvent successivement, du 8 au 10 août, des bataillons du 154ème R.I., dans les secteurs de Marie-Thérèse, de Saint-Hubert et de Fontaines aux Charmes. La deuxième relève est encore en cours d’une attaque qu’une attaque allemande se produit sur notre gauche. On ne se bat plus guère à coups de fusils maintenant. Depuis plusieurs mois, les machines infernales ont pris la supériorité dans la guerre de tranchées. On se lance des tonnes d’explosifs à courte distance, on fait des barrages à la grenade, puis on s’aborde au couteau.

Tous les moyens sont donc employés ici : la mine. Les torpilles, le couteau, les liquides enflammés et les gaz asphyxiants. On est sûr ni de la solidité du sol, ni de la pureté de l’air que l’on respire.

Le 12, vers midi, la bataille reprend. D’abord timidement, un petit minen, suivi, dix minutes après, d’un second, puis d’un troisième. On riposte à deux pour un, puis l’artillerie entre en jeu et finalement la danse bat son plein. L’ennemi attaque une première fois dans la nuit, il est repoussé. Le temps de se regrouper et une nouvelle attaque se déclanche : même insuccès. Enfin, le combat s’apaise. Nous comptons nos pertes, elles sont lourdes, mais nous n’avons pas cédé un pouce de terrain.

Le 14, le 15 août, la bataille reprend dans les mêmes conditions. Tenaces, les boches attaquent toujours. Chaque fois ils sont arrêtés et leurs cadavres servent de parapet à nos tranchées.

Le régiment va se reposer deux jours à Florent, puis il revient dans le secteur. L’agitation est moins grande. Après leurs insuccès de ces derniers jours. Les Allemands paraissent avoir renoncé à faire des attaques partielles, mais par contre, leur artillerie reste active. On travaille la nuit à renforcer nos défenses accessoires et à créer de nouvelles parallèles ainsi que des abris. Il faut à tout prix empêcher le boche d’avoir des vues sur le défilé de Lachalade qui est notre unique voie d’accès pour les ravitaillements.

Le 8 septembre, alerte ! L’ennemi attaque en force le 14ème R.I. qui subit de lourdes pertes et abandonne le terrain. Le 3ème bataillon du 7ème R.I. arrive le premier sur les lieux contre-attaque et parvient à refouler l’ennemi sur une certaine profondeur. Les deux autres bataillons sont engagés peu après et rétablissent en partie la ligne par une charge à la baïonnette.

C’est la dernière offensive ennemie en Argonne. Jusqu’à juin 1916, époque à laquelle le régiment allait être appelé à participer à la défense de Verdun, aucun combat important ne fut livré, ni par nous, ni par les Allemands. Ceux-ci cherchèrent, dans la guerre de mine, le moyen d’améliorer leurs positions en s’emparant de la tête des ravins. Ils créèrent ainsi de vastes entonnoirs dont nous nous rendîmes toujours maîtres.



Verdun - juin à juillet 1916.



Pour la seconde fois depuis le début de la guerre, le 7ème R.I. jouit d’un véritable repos loin de la bataille, loin du bruit des canons. Le 24 juin, l’ordre est donné au 7ème R.I. de se tenir prêt à être embarqué pour Verdun.

Le lendemain, les bataillons sont enlevés en camions autos. On débarque à Nixéville, après avoir suivi la « voie sacrée » (c’est le nom donné à la route Bar-le-Duc – Verdun qui fut l’artère principale de l’immense organisme qui a sauvé la ville). Le 1er bataillon est aussitôt dirigé sur le fort de Souville, prés duquel il reste en réserve ; les deux autres se rendent à Landrecourt qu’ils quittent dans la nuit pour Belleray.

Le 26, à midi, le colonel et les chefs de bataillons vont prendre aux casernes Marceau les ordres du Général de Division. Ces ordres sont les suivants : les trois bataillons ainsi que la compagnie hors rang relèveront le soir même dans le secteur de Fleury les éléments qui s’y trouvent. Tout ravitaillement étant impossible en ligne, officiers et soldats emporteront quatre jours de vivres de réserve et quatre litres d’eau. De plus, chaque homme sera porteur de 200 cartouches, 3 grenades et 6 sacs de terre. Le seul fait de ne pas compter sur le ravitaillement indique bien le caractère acharné de la lutte qui se livre là-haut.

A l’heure dite, les compagnies sont rassemblées, l’appel est fait. Par petits groupes, les compagnies se mettent en marche. La relève s’opère très difficilement ; les unités ont à parcourir, la nuit, un terrain bouleversé et violemment battu par l’artillerie ennemie.

Le 1er bataillon subit des pertes sensibles. Par contre, le 2ème bataillon est plus heureux. Comme il arrive sur le plateau du Fort de Souville, il voit s’abattre devant lui le barrage infernal. a relève est terminée au petit jour.

Le régiment est en pointe, à la droite d’une ligne qui s’infléchit à gauche. Cette ligne doit, par une attaque, être reportée plus en avant par pivotement sur nous. L’artillerie ennemie est très active et laboure sans relâche le terrain compris entre le P.C. du colonel et la crête du Fort de Souville. A 18 heures, la brigade de gauche se lance à l’attaque, atteint les ruines du village de Fleury, mais la violence du feu ennemi est telle que le terrain gagné est aussitôt perdu. A ce moment les Allemands essaient de déboucher de Fleury. Une contre-attaque est aussitôt lancée sur eux par une compagnie du 14ème R.I., à laquelle se joignent spontanément deux sections du 7ème R.I.

Cette contre-attaque est également disloquée par le feu des canons et des mitrailleuses. De part et d’autre, c’est un feu entier d’enfer. Le terrain est complètement retourné, malaxé, pétri. Là où il y avait des bois on ne trouve plus que quelques souches arrachées, hachées par des explosions multiples qui les projettent de place en place. La pluie qui ne cesse de tomber transforme en cloaque le champ de bataille. Les trous d’obus se touchent, et l’eau qui les envahit jette des miroitements sinistres à la lueur des innombrables fusées éclairantes. On dirait un vaste paysage lunaire.

Le canon tonne toute la nuit ; les gros projectiles s’enfoncent profondément dans cette terre fatiguée et dispersent en éclatant des paquets de boue. Pas plus que nous, les Allemands n’ont de tranchées, mais chaque trou d’obus abrite un homme. Sitôt qu’une tête paraît, cent balles sifflent et souvent l’une d’elles atteint son but : alors la tête éclatent. C’est la lutte sans merci.

L’après-midi, le tir d’artillerie redouble d’intensité. Il suffit que deux hommes se montrent pour que le barrage soit déclanché. On commence à souffrir du froid. Les quatre litres d’eau emportés par chaque homme ont été vite épuisés. Certains, parmi les plus ingénieux, tendent leur toile de tente sur des trous d’obus et recueillent ainsi un peu d’eau de pluie qui étanchera leur soif.

Dés que la nuit retombe, le tir d’artillerie est reporté plus en arrière pour interdire tout ravitaillement et gêner les relèves qui sont forcément fréquente, par suite de l’usure des troupes. On s’efforce d’établir des communications téléphoniques et de creuser des tranchées.

Dans la nuit du 29 au 30, le 3ème bataillon, qui était resté en réserve, relève le 1er. Jusqu’au 4 juillet, la situation reste la même : aucune attaque d’infanterie ne se produit, ni d’un côté ni de l’autre, mais l’activité des artilleries ne diminue pas.

Le 5, avant le jour, les deux bataillons en ligne sont relevés. Ils doivent, pour atteindre la route de Verdun, franchir une seconde fois le glacis du fort constamment martelé par les gros projectiles. Cette marche s’effectue au prix d’efforts inouïs, par une nuit noire, dans un terrain complètement détrempé, bouleversé et parsemé d’obstacles innombrables. On franchit le barrage sans beaucoup de pertes, puis on dévale les pentes de Souville, à proximité de nos canons qui hurlent à la mort.

Maintenant nous voici au repos, pour quelques jours seulement ! Le 8 juillet, le 3ème bataillon remonte en ligne. Il est suivi le lendemain par le 2ème, qui prend le secteur au Sud-est de Fleury, pendant que le 1er, resté prés de Souville, vient au repos à Verdun.

Les journées du 9 et du 10 sont marquées par un bombardement ennemi plus intense encore que d’habitude. D’après les déclarations d’un déserteur allemand, l’ennemi doit prononcer une forte attaque demain sur le Fort de Souville. Aussitôt, le 1er bataillon est alerté et envoyé, dans la nuit du 10 au 11, aux environs du Fort pour renforcer la position occupée par le reste du régiment. Les compagnies exécutent péniblement cet ordre, tant la violence du feu est grande. L’ennemi lance des quantités d’obus lacrymogènes.

La 3ème compagnie perd, dans cette marche, la moitié de son effectif ; ce qu’il en reste est obligé de se rejeter dans le Fort. Pendant ce temps, l’attaque allemande s’est déclanchée, entre 5 heures et 5 h. 30, le centre du 2ème bataillon cède sous la poussée ennemie et la ligne se trouve rompue à sa gauche.

La contre-attaque s’exécute sous un déluge d’obus. A 18 heures, la lutte d’infanterie cesse pour faire place à l’action de l’artillerie ennemie qui nous inflige des pertes importantes en hommes et en matériel.

Du côté du 3ème bataillon, la lutte est non moins violente. Les 9ème et 10ème compagnies résistent héroïquement aux assauts de l’ennemi, entre les ruines de Fleury et la Chapelle-Sainte-Fine.

A la fin de la journée, la 9ème compagnie est réduite à 60 hommes. Pendant ce temps, au Fort de Souville, la situation devenait critique. Toute la garnison et son chef étaient hors de combat à l’arrivée de la 3ème compagnie.

Dans la nuit du 11 au 12, le bombardement reprend avec plus de violence sur le Fort. Le noyau de la 3ème compagnie garnit en tirailleurs la superstructure de l’ouvrage avec les mitrailleurs territoriaux.

Vers 5 heures, le bombardement redoublant et causant des pertes sensibles, à la faible garnison, le capitaine fait replacer la fraction de la 3ème compagnie dans son abri, tout en laissant quelques guetteurs dehors. Une heure plus tard, une reconnaissance se porte vers la Chapelle Sainte Fine. Elle rentre presque aussitôt en annonçant que les Allemands montent vers Souville.

Tous les hommes présents sont alors placés sur les ruines du fort et un vif combat de pétards s’engage, pendant que sont mises en action les mitrailleuses des territoriaux. La défense est fortement aidée à droite par une fraction du 3ème bataillon.

A ce moment, l’attaque faiblit. Quelques Allemands se rendent, les autres reculent. Ordre est donné de nettoyer la superstructure des allemands qui s’y trouvent. Ceux qui résistent sont tués, les autres capturés.

Brusquement, vers 9 heures, notre artillerie commence à bombarder avec violence le fort et ses abords. L’artillerie ennemie fait de même et un mouvement de surprise se produit parmi les défenseurs qui refluent un peu vers la gaine. Mais ce mouvement est vite arrêté. En fin, vers 11 heures, des renforts importants arrivent. La garnison est réduite à une quinzaine d’hommes, mais le fort de Souville est sauvé.

Du coté du 2ème bataillon, l’attaque ennemie reprend au jour, avec la même violence que la veille. Vers 6 heures, les Allemands débouchent de Fleury et marchent en colonne sur le fort, par Sainte-Fine. Des mitrailleuses du 14ème R.I. exécutent des de flanc sur ces colonnes qui subissent des pertes énormes, sans toutefois que leur marche soit enrayée. Une menace de débordement se dessine sur notre gauche. A ce moment, l’ennemi confondant ses troupes avec les nôtres, les couvre de projectiles d’artillerie sur les pentes de Souville. La défense du fort fait le reste et l’attaque est brisée.

Malheureusement, un malencontreux feu de barrage de notre artillerie nous empêche de poursuivre l’ennemi en retraite.

Pendant cette bataille, le 3ème bataillon contribua à la défense du fort. Ses mitrailleuses prirent une part active au combat en fauchant une grande partie des assaillants qui franchissent la crête.

Dans la nuit du 12 au 13, les 1er et 3ème bataillons étaient relevés ; le 2ème descendait la nuit suivante.

Nos pertes dans ces terribles combats furent très lourdes ; la moitié du régiment était hors de combat. Nous avions onze officiers tués et autant de blessés.



La Woëvre - août 1916 à janvier 1917.



Du 3 août 1916 au 22 janvier 1917, le 7ème R.I. a occupé successivement les secteurs de Régniéville, Remenauville et Seicheprey, au nord de Toul. Cette période de cinq mois n’a été marquée que par des combats peu importants de tranchées à tranchées et par des rencontres de patrouilles. Notre principale ennemie était l’eau, et pour lutter contre elle nous avions forte à faire. De l’autre côté de la barricade, il en était certainement de même.

Nous eûmes peu de pertes.

A la fin de janvier, le régiment fut envoyé dans un camp, non loin de Toul, puis dans la région de Pont-à-Mousson où il fit des travaux. Il revint transporté en chemin de fer prés de Reims pour prendre part à l’Offensive de Champagne.



Offensive de Champagne - avril 1917.



Le 5 avril, les bataillons débarquent successivement à Epernay et se dirigent par étapes sur leurs cantonnements à l’Est de Reims. Nous sommes aux premières loges pour assister à la préparation de l’attaque. Devant nous se dresse, isolé dans la plaine, le massif de Moronvilliers, haut de 150 mètres environ, entre la Suippe et la Vesle. C’est l’objectif le plus important à atteindre dans cette région. Les Allemands qui en connaissent aussi la valeur l’ont organisé avec tout l’art de la fortification moderne : blockhaus et guérites blindées pour mitrailleuses et canon révolver, abris en ciment armé pour les troupes de ère ligne, tunnels longs et profonds pour les réserves, etc… Le tout appuyé par une puissante artillerie et protégé par de nombreux et épais réseaux de fil de fer barbelé. A cette accumulation de moyen de défense nous allons opposer la puissance de nos canons et la vaillance de nos soldats.

Du 12 au 16, notre artillerie « prépare le terrain ». Canons de tous calibres, depuis le 75 jusqu’au 400 en passant par les mortiers de tranchées, déversent sur le massif des tonnes d’explosifs.

Pendant ces quatre jours de préparation, le massif disparaît sous un nuage de fumée auquel se mêle la poussière blanche de la craie. Des petits bois de sapins littéralement soufflés par les projectiles qui tombent en avalanche. Les pitons du Cornillet, du Mont-Haut, du Casque, du Têton, labourés par des milliers d’obus, forment d’immenses taches blanches dont l’aspect est particulièrement saisissant.

Sans répit, jour et nuit, notre artillerie martèle la forteresse boche. Le 16, l’assaut est donné. Toutes les crêtes du massif tombent au pouvoir des Français, à l’exception du « Casque » qui a résisté à plusieurs assauts. Au 7ème R.I. va revenir l’honneur de s’en emparer.

Dans la nuit du 21 au 22 avril, le régiment relève les troupes qui occupent le terrain conquis. Les trois bataillons sont échelonnés en profondeur. Le 3ème mènera l’attaque ; il sera suivi du 1er bataillon, le 2ème restant en réserve de Division.

Mais les Allemands se sont ressaisis. Ils pressentent une nouvelle attaque de ce côté. Des batteries amenées en hâte pilonnent furieusement nos positions et nous occasionnent des pertes sensibles. En première ligne, on achève le « nettoyage » des anciens abris allemands effondrés. Dans l’un d’eux, dont les entrées sont complètement obstruées, on découvre huit boches plus morts que vifs. Ils sont là depuis six jours et paraissent tout hébétés de revoir la lumière.

Le 29 avril, la préparation d’artillerie étant jugée suffisante, l’attaque est fixée au lendemain 30, à 12 h 40. La lutte d’artillerie redouble d’intensité. L’ennemi envoie sur l’arrière des quantités d’obus lacrymogènes, mais cela ne diminue pas l’ardeur de nos artilleurs qui ripostent du tact au tact avec des obus analogues.

Le 30, à partir de 5 heures, le tir devient violent. Il atteint son maximum d’intensité vers midi. A 12 h 40, le 3ème bataillon, précédé de tous ces chefs, s’élance à l’assaut dans un élan magnifique, pendant que notre artillerie établit un barrage mobile destiné à ratisser le terrain en avant de lui. Mais à peine a-t-il débouché de notre ligne que des coups de fusils partent de la lisière du bois du Casque, suivis instantanément de rafales de mitrailleuses placées dans des blockhaus, au milieu et à l’Est du bois.

De nombreux soldats sont tués. Le bois est difficilement abordable de front ; il faut le tourner par les ailes. La gauche du bois est envahie par une compagnie, pendant qu'une autre compagnie se heurte au fortin de droite. Le centre de l’attaque est momentanément immobilisé. Le bois n’est qu’un nid de mitrailleuses qui ont échappé par miracle à nos obus.

Un deuxième assaut sur le centre du bois nous rend maîtres des deux fortins. Malgré une résistance acharnée des Brandebourgeois. C’est une véritable lutte au couteau dans laquelle les deux adversaires font preuve d’un égal courage. Tous les Allemands rencontrés sont tués. Maintenant le centre de l’attaque progresse, tandis que les sections de l’adjudant Guisnier investissent le fortin de droite.

A ce moment, une contre-attaque allemande débouche d’un bois situé à l’Est du Casque. Prise sous le feu de nos mitrailleuses elle est anéantie. Il est 16 h 40. Une nouvelle contre-attaque, forte d’un bataillon s’avance sur nous. Mais nos artilleurs veillent. Des centaines d’obus s’abattent soudainement sur cette masse de boches dont bien peu parviennent à s’enfuir. C’est un carnage.

Pendant ce temps, et sous le feu ennemi, nos braves pionniers parviennent à approfondir un ancien boyau allemand qui reliera notre tranchée de départ avec la lisière du bois.

La bataille est finie. Les Allemands ne réagissent plus. Nous nous installons sur notre nouvelle position pendant que les brancardiers emportent nos blessés et nos morts.

Dans la journée du 2 mai, deux cents Allemands et quatorze officiers, réfugiés au tunnel du Mont Perthois, complètement encerclé par nous et le 14ème R.I. se rendent.

Dans la nuit du 2 au 3, le régiment est relevé et va se reposer au bivouac dans les bois de Prosnes. Le 5 au matin, il remonte en ligne pour tenir le terrain conquis à l’ouest du Casque. La relève s’effectue dans de bonnes conditions malgré une réaction violente de l’artillerie ennemie. Nous restons en secteur jusqu’au 13. Aucune attaque d’infanterie ne se produit ; mais le pilonnage n’arrête pas. On creuse des tranchées et des boyaux.

Dans la nuit du 13 au 14, le 7ème R.I. se rend à Mourmelon et, de là, par étapes, dans la Meuse où il reste jusqu’au début de juin, à Rembercourt-aux-Pots.



Henri NEUVIALLE passe au 11ème Régiment d'Infanterie le 16 mai 1917.



A cette date le 11ème Régiment d'Infanterie est transporté en camions à Vanault-le-Châtel et Mesnil-la-Horgue.

Retranché derrière le "Haricot" d'Appremont l'ennemi tient sous son tir La Truée de Marbotte où il gène tous nos convois. Le 10 juin après une nuit agitée au cours de laquelle deux de leurs patrouilles avaient été dispersées, les Allemands déclenchent à 2h30, sur tout notre front, un tir d'une extrème violence par obus et minnen de tous calibres, bombes à ailettes et mitrailleuses. Après une heure de ce bombardement une fraction de 40 hommes pénère dans nos lignes et attaque 5 petits postes. Trois d'entre eux se dégagent à la grenade et peuvent se replier mais les deux autres restent encerclés par le tir ennemi.

Au jour le tir cesse, l'ennemi a abandonné tous nos petits postes sauf un qu'il faut reprendre par une contre-attaque à la grenade. Nos défenses accessoires et nos premières lignes sont complètement bouleversées. Nos pertes sont de 10 tués, 19 blessés dont 2 officiés et 14 disparus.

Le 14 novembre la 33ème D.I. est relevée et le régiment est transporté par camions de Lerouville à Tronville où il passera 35 jours de repos.



Verdun - décembre 1917 à février 1918.



Embarqué à la gare de Nancois-Trouville les 10, 11 et 12 décembre 1917 le 11ème suit l'itinéraire Dugny, Faubourg Pavé, Ravin des Vignes. Verdun ne recevait plus que rarement des obus.

Le 11ème occupe successivement du 14 décembre 1917 au 14 janvier 1918 les sous secteurs Chaumes et Herbebois. l'hiver est très rude. La neige et la pluie tombent bientôt suivie de la gelée. Les tranchées et les boyaux sont pratiquement inexistants. Les Allemands tentent de nombreux coups de main toujours précédés d'un violent bombardement.

Le 15 décembre l'ennemi avait réussit à aborder un de nos petits postes et pour le chasser il fallut toute la vaillance et l'énergie de la 11ème compagnie. Les 11 et 17 janviers des tentatives analogues échouèrent. l'artillerie ennemie nous harcèle continuellement, aux explosifs se mélangent les toxiques.

Après 35 jours de ligne le 11ème est relevé dans le secteur des Chambrettes.



Troyon et les Eparges - février à mai 1918.



Après 9 jours de repos le 11ème qui avait débarqué le 24 janvier à Birsme est embarqué de nouveau dans cette même gare et est transporté à Dugny d'où il fait étape jusqu'à Genicourt. Il est alors réparti dans les villages de Troyon, Ambly, Tilly, Génicourt et Rupt-en-Woëvre. Il y fait des travaux jusqu'au 28 février 1918.

Le 28 février il relève le 20ème en ligne et s'installe dans le secteur des Eparges où il restera pendant un mois. Le séjour aux Eparges est calme bien que parfois l'artillerie ennemie se fait entendre. Les 29 mai et 7 avril il a fallu repousser deux attaques sur nos petits postes de la crête des Eparges.

Les 12, 13 et 14 mai , par Sommedieu et Senoncourt le régiment se rend à Ypecourt et y passe une semaine. Ensuite il remonte au nord et le 22 il reprend position aux Chambrettes.

Le 27 mai, il subit une violente attaque. Après une très forte action d'artillerie par obus de gros calibre, mine et obus toxiques, l'ennemi réussit à pénétrer dans nos positions avancée. Un prompt retour offensif de nos troupes l'en chassa immédiatememt et l'obligea à regagner ses lignes non sans avoir laissé de nombreux cadavres sur le terrain. Au cours de ce combat nous avons perdu 5 tués, 20 blessés, 243 intoxiqués et 40 disparus.

Dans les premiers jours de juin, le 11ème quittait définitivement Verdun et était embarqué à Landrecourt.



Bois Buchet - juin et juillet 1918.



La 33ème D.I. est regroupée dans la zone de Nettancourt. Les hommes passent quelques jours dans les cantonnements de Neuville-sur-Orne, Laimont et Louppy-le-Château. Le régiment est embarqué le lendemain à Mussey pour débarquer à Longueil-Saint-Marie et prendre ensuite la direction de Compiègne.

Le lendemain nous eûmes pour consigne de marcher en avant, alors que les Allemands n'avançaient plus. le 17 juin nous traversons la forêt de Villers Cotteretset allons bivouaquer dans le bois de Montrole non loin de Retz. Deux jours après la Division occupait le secteur de Troesnes à Faverolles, sur les coteaux de la rive droite de l'Ourcq. Le 11ème s'installe au centre.

Ce n'est plus la guerre de tranchées, nous sommes à découvert. Notre artillerie intervient jour et nuit. L'artillerie ennemie s'acharne sur les villages de Silly-la-Poterie et sur la Ferme Hitton.

Le 16 et 17 juillet nous sommes relevés et allons prendre le secteur à l'est de Molloy sur les coteaux situés de l'autre côté de l'Ourcq.



La bataille de l'Ourcq - du 18 au 30 juillet 1918.



Le 17 juillet 1918 l'ordre d'attaque est donné pour le matin même. Elle sera menée par colonne de Divisions, les 9 bataillons passant tour à tour à l'avant garde, au gros et à l'arrière garde. En tête marchaient accolés les 3 bataillons. En fait l'attaque se déclencha le 18 juillet sous un admirable barrage roulant.

Les Allemands surpris lachent pied mais il se ressaisit très vite. Notre premier objectif, Marizy-Sainte-Geneviève est atteint. Le village attaqué au sud et de front par la 11ème compagnie, au nord par la 7ème, est enlevé de haute lutte. Six mitailleuses et 30 prisonniers restent entre nos mains.

La marche est reprise à 6h50 mais la traversée du village est pénible. Les mitrailleuses et l'artillerie ennemies postées sur la croupe de Marizy-Saint-Mard battent violemment les pentes qui descendent vers le ruisseau du Gril. La progression continue avec l'aide de notre artillerie. A 10h30 la 10ème compagnie réussit à déborder Marizy-Saint-Mard par le sud pendant que la 11ème l'attaque de front A 11h15 le village est à nous.

Ce n'est que dans la nuit que la 30ème compagnie peut effectuer une progression jusqu'à la crête à l'est de Marizy-Saint- Mard.

La prise du deuxième objectif nous apporte 20 prisonniers, une batterie de 105, deux canons de 77 contre-avion, 2 mortiers de tranchée et 4 chevaux. La nuite est calme.

Le lendemain, à 4h00 l'attaque est reprise. La progression est plus dure que la veille. L'ennemi fait un violent tir de barrage sur le plateau à l'est de Marzy-Saint-Mard. Le 1er bataillon atteint le Moulin Dieu à 7h30. Le 2ème bataillon arrive à 9h00 à la Sucrerie et au Moulin Neuf. Après un court repos, la progression est reprise à midi.

Le 1er bataillon atteint rapidement les côtes 124 et 127 et déborde entièrement le village de Neuilly-Saint-Front, le 2ème bataillon déborde quant à lui la route de Nanteuil à la station sud du château de Prinzy. Dans la nuit l'ennemi bombarde toujours les bords de l'Ourcq mais cède du terrain.

Le village de Vichel évacué est occupé par nos troupes. Le mouvement en avant reprend à 3h40. mais les Allemands, grâce à des troupes fraiches, se sont ressaisis. Ils débouchent du ravin de Wadon et tentent une contre-attaque. Ils sont repoussés en laissant de nombreuses pertes sur le terrain.

A 13h15 nous nous emparons du village de Nanteuil-sur-Ourcq et à minuit nous traversons le ruisseau du Wadon. Les 21 et 22 juillet le régiment n'est pas engagé dans les hostilités. Le 23 juillet le 3ème bataillon occupe les lisières du village d'Armentières.<:p>

Toute la nuit du 24 au 25 juillet restera mouvementée, l'ennemi ayant la rage au coeur. Les journées du 24 et du 25 juillet nous ont coûté 19 tués, 91 blessés et 4 disparus.

Dans la nuit du 26 au 27 le secteur est étendu jusqu'à la ligne Poirier-du- Mesnil. A 18h00 Bruyères est enlevé. Dans la matinée du 28 juillet les villages de Trugny et du Val Chrétien sont atteints, la rive sud de l'Ourcq est nettoyée. Le 29 est notre dernier jour de combat.

Le 30 juillet on rejoint les bois de Bonnes à 1 km au sud-ouest de Grisolles pour ensuite gagner les cantonnements de repos à Farmoutiers, Pommeuse et Celle-sur-Morin.





Henri NEUVIALLE décède le 31 juillet 1918, à 16h30, à Marolles (Oise), dans l'ambulance 5/44 des suites de ses blessures de guerre.

Il a participé avec la compagnie à toutes les affaires du 21 juillet au 5 août 1916. Il s'est particulièrement distingué les 3 et 4 août par son entrain et son courage, sur le point d'être fait prisionnier il a su se frayer un passage pour rejoindre nos lignes.

Très bon soldat, le 16 septembre 1917, lors d'une attaque ennemie, il a fait preuve de dévouement et de courage en participant à une patrouille offensive qui ramena 3 cadavres ennemis.

Il est blessé par éclat d'obus à l'épaule droite le 26 juillet 1918 avec légère lession à la moëlle épinière.

Il est cité à l'ordre du Régiment et décoré de la Croix de Guerre.